Ca a commencé au collège, ça m'a poursuivi au lycée, jusqu'en fac de Biochimie, contaminant au passage travaux pratiques de biologie et de sciences physiques… C'était implacable, une malédiction : avec moi, même la plus simple des expérimentations entrait dans une dimensions où les lois enseignées par mes professeurs ne s'appliquaient pas. Réactions chimiques avortées, extractions d'ADN de foie infructueuses ou encore résultats inconcevables dans le calcul de forces ou d'énergie cinétique… Bien entendu, je devais admettre que c'était entièrement ma faute : mauvais dosage des composants de la réaction, non respect du protocole d'extraction ou autre connerie du genre, conséquences directes des déconnections durant lesquelles mon esprit quittait mon corps, sans crier gare.
Mais souvent, les évènements inhabituels qui suivaient mes actions restaient inexplicables : produits périmés ? Appareils de mesure défectueux ? Oui mais alors pourquoi seulement moi…
C'est comme ces enfants qui se cassent successivement tous les membres durant leur enfance ou passent plusieurs fois de suite sur le capot d'une voiture. Bien sûr, c'est en partie de l'inattention, de l'espièglerie face au danger. Mais parfois, comme pour mes TP, je crois qu'il y a aussi quelque chose de profondément fatal, de l'ordre du destin. Cette chose qu'on ne peut que subir…
Je ne croyais pas être fataliste, je déteste le fatalisme, c'est un défaut que je n'aime vraiment pas chez les autres. Peut être parce que je ne le supporte pas chez moi.
Aujourd'hui, je suis allé à la Fac déposer mon dossier. Le gentil monsieur a bousillé mes espoirs et mes motivations : pas de validation d'acquis et de maigres chances de rentrer péniblement en première année. C'est comme pour les TP : y'a tous les ingrédients (bac, Deugs, expérience professionnelle dans le domaine, motivations et finances) et pourtant, la réaction ne prends pas… Moi qui me voyais déjà directement intégré en licence, vu que j'ai vraiment du talent et qu'en professionnels les administrations universitaires ne pourraient que le reconnaître !... Et me dérouler le tapis rouge.
Je déteste quand la réalité ne respecte pas mes scénarios. Ce serait si confortable.
Or donc, ses propos n'ont pas été des plus encourageants. Pourtant je n'ai pas insisté beaucoup, je suis resté passif face à cette annonce. Ce n'est pas fataliste de ne pas bouger le petit doigt quand on voit ses projets en péril ? Je crois que si. Merde, je suis fataliste. Manquait plus que ça. Si ça se trouve, ça fait longtemps que je traîne ça.
La fatalité, c'est s'imaginer qu'agir ne changera pas un avenir tout tracé. Si j'interprète les moindres embûches comme des signes du destin et que je suis fataliste, alors je pars perdant, ce qui n'est pas le meilleur moyen d'arriver à ses fins.
Alors au diable le destin et la fatalité, je veux les Arts Plastiques et je les aurais… Pffff, mais comment forcer le monstre qu'est l'administration ? Va falloir que j'y réfléchisse.
(... Soupirs ...)