"Gustav Klimt : papiers érotiques". Musée Maillol, du 9 mars au 30 mai 2005.

" (...) Celui qui désire me connaître - en tant qu'artiste, car il n'y a que lui qui soit digne d'intérêt - doit regarder attentivement mes oeuvres et essayer de découvrir ce que je suis et ce que je veux." Une exposition surprenante qui changera votre regard sur l'oeuvre de Gustav Klimt...



Comme je ne pense pas être capable de faire mieux, je vous propose cet article du Nouvel Obs.

Toute sa vie le peintre viennois n’aura cessé de célébrer sans tabou le corps féminin et Eros


Quand Gustav Klimt mourut en 1918, son dernier tableau, «l’Epousée», était resté sur un chevalet, inachevé. Il révèle l’étrange façon de travailler du peintre. On y voit le corps nu d’une jeune fille qui écarte les jambes, s’exhibant avec indécence. Klimt l’a d’abord minutieusement dessinée, et ce n’est qu’ensuite qu’il a commencé à la revêtir d’un vêtement surchargé de motifs décoratifs. Aujourd’hui, au Musée Maillol, est exposé ainsi un dessin montrant un homme et une femme qui s’enlacent, debout et nus. Pourtant, dans le tableau né de cette étude, les visages se touchent mais les corps semblent oubliés, recouverts d’un lourd vêtement où seuls des symboles, des ornements répétés viennent dire le désir.
Il existe plus de 4 000 dessins érotiques de Klimt, mais on sait qu’il déchira des milliers de ces feuilles qui étaient répandues partout dans son atelier et sur le sol même, sous les pas de ses chats. Venues de musées et de collections privées, cent dix «erotica» sont présentées ici. A part quelques exceptions, telle une «Leda» reprise dans un tableau détruit en 1945, la plupart ont été faites simplement pour le plaisir, sans que Klimt songe à les signer. Ses modèles, une dizaine de jeunes filles, restaient en permanence dans l’atelier à sa disposition. Il ne leur demandait pas de poser, préférant s’inspirer de la spontanéité d’un mouvement.
Les voici donc, abandonnées, couchées, lovées sur elles-mêmes, ou feignant de s’assoupir. Elles semblent jouir de la chaleur de leur propre corps. La légèreté du trait, sa précision, rend compte de l’évanescence d’un moment et ose les caresses les plus secrètes. Aucun tabou n’arrête Klimt, qu’il décrive le plaisir solitaire, l’étreinte d’un homme et d’une femme ou celle de deux amies. Il écoute le corps, décrit ses désirs et ses pouvoirs, sa vie mystérieuse, inassouvie, qu’il ne faut plus brimer. Sa foi dans le corps est telle qu’on a pu rapporter de lui cette boutade: «Cette fille a un corps dont le derrière est plus beau et plus intelligent que les visages de beaucoup d’autres.»
Dans cet hymne au corps féminin et à Eros, chaque dessin témoigne de sa révolte contre les censures et l’hypocrisie de la Vienne bourgeoise et puritaine. Voilà donc brisées, comme le souhaitait Hofmannsthal, les «trappes englouties, recouvertes de l’âme»: au centre du monde règne Eros, qui donne toute sa dimension cosmique à l’'homme. Ces dessins érotiques ne font que reprendre sur un mode plus intime l'’affirmation de la «Pallas Athéna», la déesse de la sagesse et des arts, que Klimt présenta à la deuxième exposition de la Sécession: elle tient dans sa main «Nuda Veritas», une femme d’'une provocante nudité – l'’emblème de la vérité moderne.

«Gustav Klimt, papiers érotiques», du 9 mars au 30 mai, Fondation Dina Vierny, Musée Maillol; 01-42-22-59-58. Catalogue Gallimard/Maillol, 200 p., 35 euros.


Vous ne verez plus les toiles de Klimt de la même manière...

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