Charles Ives et Marcel Duchamp, deux précurseurs du Big Bang artistique dans l’Occident du XXème siècle.

Et bien je vais continuer à mettre en ligne mes dossiers de cours... Pendant le premier semestre, Christine Coënon nous à fait travailler sur les interférences entre la musique et les arts plastiques au XXe siècle. Un cours très intéressant, idéal pour comprendre l'importance du Dadaïsme dans l'art contemporain...

Dès sa première symphonie, Charles Ives surprend par ses modulations peu conventionnelles.
L’ensemble de son œuvre (abandonnée en 1921) jouera d’ailleurs avec cette convention en la disséquant élément par élément, organe par organe jusqu’à un certain degré de démantèlement qui sera mené à l’extrême par ses contemporains et ses successeurs (par exemple, les pianos arrangés de John Cage ou de Georges Maciunas).
Pour ce faire, Charles Ives a utilisé une démarche scientifique : l’expérimentation. Par ses collages, ses dissonances et ses travaux sur les rythmes, tonalités et mesures, il a participé à ouvrir la voie de la désacralisation de la musique.
Il a remis en cause les conventions de la composition musicale classique afin de mettre au point une nouvelle convention intégrant les vérités mises à jour par l’expérimentation : la dissonance existe ; les tonalités, les rythmes et les mesures sont variables, modulables et superposables ; le bruit existe et les sons ne proviennent pas que de l’orchestre traditionnel. Le résultat de son travail est une unité artistique nouvelle d’une originalité rare (Sonate n°2, 1915 ou encore Quatuor à cordes n°2, 1913).

Avec ses oeuvres, Charles Ives offre une nouvelle conception de la composition musicale en accord avec son temps et les courants philosophiques du moment : la musique devient vivante et peut évoluer selon une nouvelle voie.

Marcel Duchamp me semble être aux arts plastiques un équivalent de ce que Charles Ives a été à la musique : un élément déclencheur du phénomène qui a englobé les arts sous toutes leurs formes et continue aujourd’hui encore son évolution. En effet, le nu descendant un escalier fit scandale comme l’œuvre de C. Ives, et reçu même un accueil mitigé de la part de ses contemporains qui n’acceptaient pas que « l’acte créatif (se résume) à une approche strictement mécanique ».
Comme les musiques de C. Ives, le nu descendant un escalier est une œuvre de transgression. Cette Vénus moderne est dénuée de tous ses artifices et résumée à ses simples mouvements. La figure de la madone est désacralisée, ramenée à une simple dimension mécanique. Elle sera carrément bafouée quelques années plus tard avec la joconde moustachue confiée aux dadaistes (LHOOQ, 1919)…


Nu descendant un escalier, Marcel Duchamp, 1913.

La conception et la perception mêmes de l’art en sont bouleversés, les frontières entre les différentes disciplines disparaissent, les peintres discutent avec les musiciens, les musiciens sont de mèche avec les scientifiques qui eux-mêmes partagent leurs états d’âmes avec les philosophes ou des sculpteurs…

Au final, je dirais que Charles Ives et Marcel Duchamp sont les petites étincelles qui ont engendré ce qui s'est retrouvé partiellement condensé à l’exposition « Big Bang » au Centre Georges Pompidou : une explosion de la créativité où l’art prend une dimension universelle et vivante : comme l’univers il se développe dans tous les sens possibles, chacun de ces sens offrant à nouveau une multitude de voies à explorer.

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