Je continue sur mes affaires de chanteur(teuse)s et crieur(euse)s. Parce que les pygmées m'ont médusé avec leurs polyphonies, mais dans ma représentation du chant ou de la parole, je me sentirai plutôt... Aztèque !
En 1994, toute la famille Salaud est partie trois semaines pour un périple mexicain ; aller-retours sec et location de voiture, c'était l'aventure à quatre (ma mère, mon père, mon frère et moi), de Mexico à la frontière guatémaltèque.
A l'époque j'étais déjà un sauvage, et je n'étais content que lorsque nous visitions les réserves naturelles. "Les vieilles pierres, ça me fait chier" ai-je dis... Mais pas longtemps, parce que dès la visite du site de Teotihuacan et du Musée National d'anthropologie de Mexico j'ai été intéressé, et l'intérêt a grandi après Tulum, Palenque, etc. J'ai aimé et apprécié l'art des aztèques, toltèques (et autres civilisations dont les noms finissaient en -tèque) : les symboles, la statuaire, les fresques, les légendes...
J'ai pu constater que le papillon était un symbole guerrier puissant, un des plus prestigieux avec le jaguar ou encore l'aigle ; entendu la légende du Quetzalcoatl, ce dieu étrange mi-avien mi-reptile qui va et vient d'un univers à l'autre ou celle de Tlaloc ; appris que dans les bas reliefs de Palenque par exemple, les hommes représentés avec les yeux fermés étaient des esclaves, prisonniers de guerre...
Et puis plus tard en fac d'ethno à Nanterre, j'ai découvert le Paradiso de Tlaloc...
... Et les volutes qui sortent de la bouche des personnages :
Ces volutes représentent la parole, le chant. C'est une matérialisation de la parole... J'ai adopté cette représentation du langage.
Avec les pygmées, j'ai commencé à représenter les gens qui chantent la bouche ouverte, puis de ces bouches est d'abord sorti un arbre :
Chants mêlés, crayon et pastel gras, 1999.
Plus tard, avec la chanteuse, le chant est devenu lumière :
La chanteuse, argile amérindienne, 2003.
La statue a été évidée, et pouvait contenir une bougie. La lumière de la bougie sortait par quelques ouvertures dans le dos, mais aussi par la bouche.
Ensuite, il y a eu les Hallalis et le chant/ cri violent, noir ou vaporeux :
Hallali II, Huile sur toile, 2004.
Hallali III, acrylique sur toile, 2004.
Plus tard, Mauricienne Fortino, la conteuse qui a traduit Makawem, le conte palikur que j'ai illustré paru il y a quelques mois. Le conte sortant de sa bouche prend la forme du makawem constitué de graines utilisées dans l'artisanat palikur :
J'aurai aimé que cette image soit retenue pour la couverture. Malheureusement, elle a été considérée comme trop technique et refusée, car les illustrateurs des autres contes de la collection devront pouvoir suivre le style établi par ce premier ouvrage. Les montages photos, c'était donc trop compliqué à reproduire... Dommage !
Un des makawem du conte édité par le CRDP dont les paroles se transforment en symboles.
Et enfin, l'Echographie de la chanteuse...
... Ou le chant se transforme en gerbes de fleurs.
Rendez-vous à la prochaine chanteuse, car c'est sûr : il y en aura d'autres.
Chanteurs, chanteuses, chantons, chantez...
Parce qu'il n'y a pas que les pygmées qui chantent...
1 De Marie -
Et les pastèques ....
pardon c'est idiot mais pour le reste je suis scotchée.