Je suis arrivé en Guyane en mars 2003 et me suis pratiquement immédiatement engagé dans le bénévolat pour les assos de protection de l'environnement. Comme je l'ai déjà dit, j'ai passé ma première année là-bas à suivre avec l'équipe de bénévoles les populations de tortues marines pour Kwata.
Et puis au bout de quelques mois, j'ai rencontré un mec formidable : Maël Dewynter, conservateur de la Réserve Naturelle de la Trinité (gérée par l'ONF, on y est allés ensemble et j'ai avait parlé ici) et aussi (voir surtout) excellent illustrateur naturaliste.
Bref, Maël savait que je dessinais un peu. Et il se trouve qu'il était à l'époque engagé sur un gros projet avec le GEPOG (Groupe d'Etude et de Protection des Oiseaux de Guyane, une association qui bouge bien !) : un livre sur les oiseaux de Guyane, avec uniquement des illustrations.
Le bouquin était prévu pour être un beau petit pavé, il fallait donc plusieurs illustrateurs pour réalisé la masse colossale de dessins. Trois avaient été sélectionnés mais il en fallait un quatrième, et donc Maël m'a mis en contact avec Paul Siffert, le président de l'époque.
Paul m'a pris a l'essai et fort heureusement pour moi, il a été très patient. Car il faut bien le dire, je n'étais pas très doué en dessin à ce moment-là : j'étais le seul public de mes crayonnages et pas forcément très critique, du coup mes dessins d'animaux avaient un niveau... Heu moyen voir moyen-moins !
J'ai donc dû apprendre à travailler sur le réalisme de mes illustrations d'oiseaux (ce qui était déjà un sacré challenge), mais en plus, j'avais la contrainte imposée de travailler avec l'aquarelle : un médium assez difficile à maîtriser qui ne laisse pas droit à l'erreur... J'ai dû persévérer pour être engagé, en dessinant 12 fois le bécasseau sanderling avant d'arriver à une version convenable pour mon client. Au début, le trait était trop brut, ensuite la position de l'oiseau ou encore la couleur de son plumage ne convenaient pas, ou encore il fallait travailler sur un papier plus épais. J'avais passé plusieurs heures sur les plages de Cayenne a épier ce petit oiseau (peu farouche au demeurant, ce qui m'a bien aidé) et à le photographier avant d'atteindre enfin le résultat escompté !
Bécasseau sanderling, aquarelles et mine sur papier, 21x29,7cm.
Et voilà qu'enfin, je me suis vu attribuer une liste de dessins à faire. Bon, pas beaucoup de beaux oiseaux -puisque je suis arrivé en dernier dans le groupe d'illustrateurs (Maël Dewynter donc, mais aussi Cécile Aquisti dont j'ai récemment parlé ici, et aussi Carole Pourcher), et que mes collègues avaient déjà choisi les belles bestioles- mais en tout plus de 70 illustrations en couleurs ou en noir et blanc.
Tamatia à collier, aquarelles sur papier, 15x15 cm.
Todirostre au nid, aquarelles sur papier, 21x29,7cm.
Toucan à bec rouge, aquarelles sur papier, 21x29,7cm.
Anhinga d'Amériques au nid, mine sur papier, 15x15cm.
Portrait de grand-duc de Virginie, mine sur papier, 15x15cm.
Ce fût un travail énorme, surtout que la réalisation des dessins venait s'ajouter à mon travail comme salarié de Kwata. J'ai commencé à travailler en janvier 2001 (date à laquelle j'ai ouvert ma micro-entreprise) et le livre n'est finalement sorti qu'en mars 2003.
Je n'ai pas forcément été très constant dans mon travail, et je me suis même arraché les cheveux sur les dessins de certaines espèces très peu connues ou même vues : je n'avais par exemple que peu de photos pour dessiner le martinet spinicaude (une espèce qui ne vit qu'au dessus de la canopée en forêt primaire, le top à observer !)... Il y a donc quelques dessins dont j'ai particulièrement honte. Mais je ne vous dirais pas lesquels !!!
Enfin, dernier regret sur ce livre : j'ai travaillé assez salement (il m'arrivait de faire des dessins pendant des missions en forêt et du coup ils étaient pleins de tâches...) et l'éditeur Ibis Rouge qui s'est aussi chargé de monter la maquette n'a même pas "nettoyé" les scans de mes dessins avant de les insérer dans le livre. Le résultat est que par exemple, ma belle amazone aourou (le dernier dessin réalisé) est sur un fond un peu jaunâtre et plein de tâches !
Alors que juste un peu arrangée, elle est très jolie !
Amazone aourou, aquarelles et gouaches sur papier, 21x29,7cm.
Quoiqu'il en soit, ce livre a été une très bonne expérience. Depuis, je n'ai pas encore retravaillé sur des dessins naturalistes (à part quelques travaux sur les mammifères de Guyane pour un projet de guide qui n'a jamais vu le jour, regardez dans cette galerie ; elle marche mal, cliquez plusieurs fois si la page ne s'affiche pas), mais j'aimerai bien m'y remettre un peu...
Portrait d'oiseaux guyanais, collectif GEPOG ; illustrations de Cécile Aquisti, Olivier Copin, Maël Dewynter, Carole Pourcher, William Prudhon, Julien Salaud ; éditions Ibis Rouge, mars 2003.
Le livre qui m'a fait commencer dans l'illustration : Portraits d'oiseaux guyanais.
Avant, je ne dessinais que pour mon propre plaisir...