Giacometti envahit Paris.

Vous pouvez voir des estampes à la Bibliothèque Nationale de France (Site Richelieu) jusqu'au 13 janvier prochain, et puis aussi l'exposition L'atelier d'Alberto Giacometti au Centre Pompidou jusqu'au 11 février.
Il est recommandé de faire les deux dans la même journée...




L'exposition du Centre Pompidou, jeudi dernier...

Car de cette façon on peut comprendre le travail de l'artiste dans une belle globalité.

Commencez par la BNF. Il y a là un foisonnement de gravures : eaux fortes, lithographies, quelques aquatintes que l'artiste a réalisées pour des ouvrages d'art, des éditions de  recueils de poèmes principalement ou bien ses propres catalogues. Par-ci par-là, des plaques de cuivre permettent d'imaginer un peu les processus de gravure, et puis il y a beaucoup de livres rares de la BNF ouverts sur les textes (poèmes le plus souvent) que les dessins accompagnent.
Ces gravures sont autant de recherches sur les corps et visages, mais aussi sur des paysages comme la ribambelle de lithos que Giacometti avait dessinées pour le Paris sans fin de la fin de sa vie. Et on trouve de véritables bijoux : portraits et vues de la chambre cinématographiques d'un poète dépressif, corps structuré d'une femme qui marche,  visage d'homme aux yeux indéfinis mais particulièrement vivants, quelques traits qui dessinent les squelettes des grands singes de la Galerie d'Anatomie Comparée du Jardin des Plantes...

Devant tous ces travaux, on peut constater que l'artiste dessinait vraiment comme un sculpteur : ses traits énervés transcrivent plus les volumes que leurs contours, c'est à dire que ces gravures restent un travail sur la lumière : ce sont les ombres qui définissent les visages, les corps, les monuments. La lumière, c'est le papier vierge de toute encre.
Et tout ceci transpire vraiment la recherche de l'artiste, que vous pourrez ensuite aller voir dans sa diversité à la Galerie 1 du Centre Pomidou.



A Beaubourg, il y a l'avantage de la rétrospective : on peut y suivre le cheminement de Giacometti, comment il a fait des détours du coté du cubisme, du surréalisme avant d'assoir sa propre identité artistique. Comment il sculpte comme il dessine, il dessine comme il sculpte, il peint ses sculptures, sculpte ses peintures. On se retrouve face à son foisonnement, ses lignes énervées et vibrantes, son travail sur les échelles.
Grandes ou petites sculptures de plâtre retravaillées, ciselées brutes au canif et peinturlurées comme des trésors archéologiques arrachés à la terre dans je ne sais quel désert ; grands ou petits bronzes fragiles comme les argiles qui ont fait naitre leurs formes. Quelque chose d'un Bacon contemporain dans le traitement des portraits à l'huile dont les espaces tournent autour d'un visage qui avale tout ce qui l'entoure. Des visages noirs, éclairés par quelques coups de lumières, des orbites oculaires rondes où pointe une minuscule étincelle, celle qui donne vie à un regard représenté. Et ces regards, justement, ont quelque chose de troublant : ils sont un peu exorbités, comme hallucinés ; accrochés sur des corps qui ont la pose du statique, sans pour autant ressembler à l'attente.

L'exposition montre de belles œuvres dans de belles conditions. On est loin de l'horreur qu'avait généré la fragilité des travaux de Klein il y a quelques années !

Et puis il y a des fragments de murs de son atelier (cf photo en ouverture de post), qui devait vraiment être un endroit particulier... A force de couches de pigments, ils avaient pris de faux airs des parois d'une grotte.

Les renseignements pour l'exposition de la BNF, c'est par ici ; pour L'atelier d'Alberto Giacometti c'est par là. il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne visite.

Haut de page