L'exposition se passe dans deux salles : une première (petite) au rez-de-chaussée et le reste au sous-sol.
Celle du rez-de-chaussée présente l'expo avec une oeuvre de chaque groupe. Là vous pourrez voir une magnifique parrure de tête constituée d'une peau de petit félin (sans doute un oncilla, Leopardus tigrinus) et de plumes de différents oiseaux, dont des amazones.
Et puis au sous-sol, vous entrez dans le vif du sujet : le travail sur tissus et papiers d'Osvaldo Salerno cherche dans la pauvreté et la torture des fantômes dont l'identité n'est révélée ni par les textes, ni par le catalogue... Pourtant, les taies d'oreiller (Ropa sucia, linge sale) et les vieux draps sérigraphiés de l'empreinte de l'artiste (Ropa usada, linge usé : photo ci-dessous), la Pileta (référence à une torture "à l'eau") ou encore la vidéo El Album qui emplie les salles d'un bruit de feuilles récurrent sont autant de traces d'absents. la preuve par l'image que l'empreinte est un indice de ce qui a été là, mais n'y est plus... Le blanc a aussi une fonction dans l'oeuvre de Salerno : c'est ce qu'il reste du souvenir quand l'image a disparu...
Pour mieux comprendre ces travaux, jetez un oeil au catalogue. Il est très bien fait.
Les toiles kitches de Ricardo Migliorisi sont des choses très colorées aux reflets métalliques : des peintures matelassées comme les cousins d'un canapée. C'est chargé, barriolé et un brin caustique (la toile du rez-de-chaussée présente l'image stéréotypée des indigènes anthropophages, encadrée par une répétition de la photographie d'un steak de boeuf...).
Heureusement, ce n'est pas que caustique, sinon ça en deviendrait chiant. Il y a aussi beaucoup de poésie et un coté narratif qui ne sont pas déplaisants. je n'en dirai pas plus, l'ironie et la parodie ne sont pas ma tasse de thé...
Enfin, il y a quelques parrures amérindiennes faites de plumes, de perles, de peaux et de fibres végétales. On n'en voit pas beaucoup, mais ce sont réellement de belles pièces... Je ne sais pas si elles sont vieilles, mais en tout cas leur état de concervation est irréprochable.
Bon, quitte à voir des trucs en plumes (plumes de zoiseaux, de zanimaux), autant aller au Quai Branly. Soit. Mais les pièces de la Maison de l'Amérique Latine sont vraiment mises en valeur (notamment par les éclairages) et puis elles ont de l'espace, elles respirent ! Et par conséquent prennent toute leur ampleur.
Lorsque j'ai visité l'expo hier, j'étais tout seul. Et me retrouver devant la grande chose de plumes dont se parent les chamans pour leurs magies, avec en arrière plan sonore le bruit des pages tournées de la vidéo El Album... Et bien je me suis senti tout petit. Tout petit devant cet animal
monstrueux.
Voilà donc une expo qui mèle différentes formes d'arts : une traditionnelle et deux contemporaines. Tout ceci se fait écho, et il vous reste encore quelques temps pour aller nager dans cette bonne souplette paraguayenne. Les infos, c'est par là, et n'oubliez pas de prendre le petit catalogue !
Petit bémol : Et les noms des oeuvres, on les trouve où ???