Jan Fabre, la Métamorphose de l'Ange, au Louvre jusqu'au 7 Juillet.

Alors que j'avais débuté ma série d'insectes monstrueux, ma directrice de recherche m'avait au mois de mai dernier incité à aller voir cette exposition... Son "Surtout qu'avec votre travail..." m'avait donné envie d'y aller, alors j'y suis allé de suite et elle avait raison (c'est sans doute pour cette raison que je l'ai choisie). Il m'aura fallu presqu'un mois pour y retourner avec l'appareil photo, histoire de partager avec vous ce petit grand bout d'art. Dé-li-cieux... Pour ceux qui aiment les vers.

Descente par la pyramide de Glace, ticket, puis direction l'aile Richelieu.
L'exposition débute par un autoportrait de l'artiste dérangeant de réalisme : une statue -sans doute de cire ou de silicone avec cheveux et poils plus vrais que nature- se heurte la face contre un chef-d'œuvre ancien, baignant dans son propre sang... incitant le spectateur à "aborder l'exposition en laissant sa vanité de coté". Le ton est donné.
Chez Fabre il y a beaucoup de choses qui me semblent intéressantes : son rapport au sang, son rapport au dessin, le symbole du bousier et la présence forte des insectes, du vêtement, de la symbolique guerrière avec les armures, du domaine de la nuit et de la mort... Beaucoup de matériaux naturels, des êtres naturalisés de toutes sortes, des yeux de verre, une performance avec Marina Abramovic... Et tout ceci dialogue avec les œuvres de la collection flamande du Musée, comme cela avait déjà été le cas avec la collection des Beaux Arts d'Anvers en 2006.
De cette expo, je retiens quelques œuvres en particulier :

- Pièce de viande est un assemblage sur grillage de coléoptères naturalisés, de couleurs brunes, reprenant vaguement la forme d'une carcasse de bovin comme celle du fameux Boeuf écorché de Rembrandt situé dans la même salle... Dans l'œuvre de Rembrandt, la carcasse est schématisée, machinisée. Elle est aseptisée, dévitalisée, sans vie ; marquant le début de l'aire des grandes séparations (corps/esprit ; animal/homme ; vie/mort).
Chez Fabre au contraire, elle est magistralement rongée par une nuée d'insectes et disparait sous leurs formes. Voilà un thème qui me touche au plus haut point : celui de cette transition tabou au cours de laquelle la mort est recyclée en fragments fertiles à la vie... Par l'intermédiaire des insectes dans ce cas précis.

Cette fertilité de la mort est reprise dans un autre concept avec l'œuvre monumentale Autoportrait en plus grand ver du monde qui se trouve dans la salle des peintures réalisées par Rubens pour Marie de Médicis. Un ver à tête de Jan Fabre erre à travers un champs constitué de tombes de philosophes, chuchotant des incantations dont j'ai malheureusement oublié de noter la traduction. En tout cas, ici l'artiste se propose comme l'être qui, comme le vers transforme les chairs mortes en terreau fertile, digère les idées des grand penseurs du passé pour en tirer l'engrais des réflexions du présent. Il est pas merveilleux , cet homme-ver ? Ce n'est pas "beau" un tel hybride, mais par contre n'est-ce pas nécessaire ?



Un brin d'émoi devant le cercueil paon à élytres... Nature morte avec artiste :



Un mélange d'insectes et d'oiseau... Jan, je t'aime.

Voilà, je pourrai continuer, mais pour faire honneur au guerrier Fabre, place aux images. Et pour en profiter, il ne vous reste qu'une grosse semaine. SACHEZ NE PAS MANQUER L'OCCASION, car si je n'écris pas souvent sur les expositions, c'est parce que je n'en vois pas beaucoup qui m'émeuvent de cette manière.

Au Louvre jusqu'au 7 Juillet. Après il sera trop tard...

PS : le nom des oeuvres devrait apparaitre dans le diaporama, mais ce n'est pas le cas... Voilà encore un des mystère du webmastering que je ne saurai résoudre... Désolé.

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