Julien Salaud

Le concept est simple, je suis posté sur un gigantesque bureau dans le hall d'entrée, armé d'un téléphone de guerre et de deux ordinateurs ; et de ce point stratégique je m'occupe de répondre au téléphone, transférer les coups de fils aux bons interlocuteurs avec une voix d'aéroport (douce mais grave, mouarf arf arf !), mais aussi des coursiers du courrier des colis et de la porte et des gens qui passent. Ah oui et aussi j'arrose de temps en temps les plantes de la terrasse !
Bref, rien de bien sorcier, et puis les gens de cette petite entreprise sont fort sympathiques, et puis -il faut bien le dire- les clients et les colis ne se bousculent ni au standard (mais qui eut cru possible qu'un engin de la sorte puisse avoir autant de boutons ???) ni à la porte d'entrée...
Voilà donc un sacré avantage car du coup, j'ai le temps de travailler mon mémoire sur ce grand bureau au milieu de ce grand hall calme ; et on peut dire qu'au rythme moyen de sept heures quotidiennes ça avance plutôt pas mal : je devrai avoir achevé ma première partie -celle qui est la plus théorique- d'ici la fin de la semaine prochaine.
Mais alors du coup je suis NAZE, mais NAAAAAAZE ! Oui, parce que ça fait tout de même plus de trois ans que je n'ai pas eu un boulot de salarié, et les horaires réguliers, comment dire... Heuuuu... J'avais oublié ? Oui, c'est ça, j'avais oublié ce que c'est de travailler huit heures par jours dans le même endroit du lundi au vendredi. Et puis la philosophie, et surtout celle de Madame de Fontenay (Non, pas Geneviève, Elisabeth !) c'est très intéressant, mais à haute dose ça peut rendre momentanément dyslexique... Par exemple, vendredi j'ai dit à une dame qui partait "Eu ravoir" au lieu de "Au revoir". Neurones en compote, ce qui me fait dire que pour un étudiant en Arts Plastiques je manque cruellement d'entrainement.
Mais en fait, je suis en train de me soigner. Et de travailler en même temps. Elle est pas belle la vie ?

Bon, je ne sais pas comment je vais finir le mois d'août, parce que je devrai achever mon mémoire en même temps que mon CDD et que le contrat d'illustration pour le livre de contes saramacas ; et que le buste emperlé de Madame Morgane ; et que mes toiles reviendront de Cayenne (peut-être). Tout ceci me fait dire que Septembre sera sans doute le "mois de la branle".
Je sais, c'est moins classe mais qu'est-ce que ça fera du bien de ne rien faire sur la terrasse, à écouter pousser les dernières fleurs de l'été...

(...soupirs...)

En attendant, faut que je garde le rythme.
Bonnes vacances à vous !