Jan Fabre, Orgie de la tolérance au Théâtre la Ville.

"Car l'humour analyse au mieux le tragique".

Lorsqu'on entre dans la salle de représentation, quatre personnes en slip-marcel-chaussettes-de-foot se chauffent sur scène. Deux hommes, deux femmes. Puis les lumières baissent et au premier coup de sifflet, tout s'ébranle dans un rythme effréné.
Ce que font les acteurs-danseurs de Jan Fabre pendant près de deux heures est juste énorme. Et ce qui est le plus fou dans tout ceci, c'est qu'il ne s'agit finalement que d'une très belle caricature de notre consumérisme : "une pulsion réduisant l'être à l'avoir" ... Toutes les addictions banalisées de l'Occident y passent ! L'alcool, la drogue, le sexe, l'argent, la beauté physique et le pouvoir, surtout le pouvoir : chacun de ces thèmes est traité entre humour, gaminerie et schizophrénie, un mélange détonnant qui donne au délire orgiaque orchestré par le flamand sa putain de pertinence (si si, j'ai le droit de dire putain dans ce cas !).
Et puis il y a cette drôle de forme de poésie : l'homme chien enragé avec son fusil enfoncé dans l'anus, le christ mendiant qui joue les équilibristes sans sa croix, le ballet des caddies... La danseuse hystérique qui se traine par terre (il me semble que ce soit Annabel Chambon).
En tout cas, je suis sorti de "là-dedans" comme on sort une fringue de la machine à laver mode 90°C avec Javel et Cilit Bang : lessivé. Et du coup je me demande comment tout ceci a fonctionné, mais une chose est sûre, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir du rire.

C'est du lourd, du grandiose, d'une acidité corrosive et insolente. Un énorme doigt d'honneur aux fesses de ceux qui posent leur cul dans leur canapé Chersterfield pour regarder les horreurs du monde à la télé, avec un verre de cognac et un cigare à la main.
Ça fait mal hein ? Il parait qu'il faut savoir souffrir pour être beau.

PS : des articles par ici par et par , et surtout par .

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