Lorsqu'on entre dans la salle de représentation, quatre personnes en
slip-marcel-chaussettes-de-foot se chauffent sur scène. Deux hommes, deux
femmes. Puis les lumières baissent et au premier coup de sifflet, tout
s'ébranle dans un rythme effréné.
Ce que font les acteurs-danseurs de Jan Fabre pendant près de deux heures est
juste énorme. Et ce qui est le plus fou dans tout ceci, c'est qu'il ne s'agit
finalement que d'une très belle caricature de notre consumérisme : "une
pulsion réduisant l'être à l'avoir" ... Toutes les addictions banalisées
de l'Occident y passent ! L'alcool, la drogue, le sexe, l'argent, la beauté
physique et le pouvoir, surtout le pouvoir : chacun de ces thèmes est traité
entre humour, gaminerie et schizophrénie, un mélange détonnant qui donne au
délire orgiaque orchestré par le flamand sa putain de pertinence (si si, j'ai
le droit de dire putain dans ce cas !).
Et puis il y a cette drôle de forme de poésie : l'homme chien enragé avec son
fusil enfoncé dans l'anus, le christ mendiant qui joue les équilibristes sans
sa croix, le ballet des caddies... La danseuse hystérique qui se traine par
terre (il me semble que ce soit Annabel Chambon).
En tout cas, je suis sorti de "là-dedans" comme on sort une fringue de la
machine à laver mode 90°C avec Javel et Cilit Bang : lessivé. Et du coup je me
demande comment tout ceci a fonctionné, mais une chose est sûre, il ne faut pas
sous-estimer le pouvoir du rire.
C'est du lourd, du grandiose, d'une acidité corrosive et insolente. Un énorme
doigt d'honneur aux fesses de ceux qui posent leur cul dans leur canapé
Chersterfield pour regarder les horreurs du monde à la télé, avec un verre de
cognac et un cigare à la main.
Ça fait mal hein ? Il parait qu'il faut savoir souffrir pour être beau.
PS : des articles par ici
par
là et par
là, et surtout par là.
Jan Fabre, Orgie de la tolérance au Théâtre la Ville.
"Car l'humour analyse au mieux le tragique".
1 De la dame -
Bel écrit ique : ça donne envie d'aller voir.
2 De Jules -
Hein la dame ? On y retourne ?
3 De la dame -
... pour l'essorage-vidange ? oups pardon !
Pour les parisiens, c'est jusqu'à samedi soir, avec de la chance, et après, c'est dans le vaste monde.
4 De Jules -
La dame : astiquage plutôt qu'essorage non ?
5 De la dame -
C'est vous qui voyez ...
6 De Jules -
Aaaaaah, tu voulais dire ça ! Autant pour moi huhu !