La saison des oiseaux

Quand, à chaque dépression un peu douteuse, les débats s'enflamment à savoir si oui ou non les intempéries annoncent le déluge prédit par les climatologues, il faudrait ne pas oublier de regarder les oiseaux. Même à Paris. 

Il y a six jours, j'ai surpris une moinelle transportant une plume de pigeon dans le bec, comme si elle préparait déjà la saison des amours. Le même jour, un couple de tourterelles turques commençait sa parade nuptiale sur le toit de la remise d'en face.
Hier, au parc, deux ramiers rapiéçaient leur nid dans un arbre sans feuilles, et j'ai constaté depuis quelques temps que le rouge-queue noir - pourtant migrateur - était déjà de retour parmi nous. Sans compter que le merle et le chardonneret n'arrêtent pas de chanter... Drôle d'impression de printemps, alors que nous entrons tout juste dans le mois de février !
Alors de deux choses l'une : soit les oiseaux de Paris ont perdu la tête et les dates d'équinoxes, soit, et malgré tout ce dont on les a spoliés - la terre, les buissons, la forêt et les rivières qui portent leur nourriture, une certaine qualité d'air et d'eau, la compagnie des autres animaux -, ils ont su conserver ce lien particuliers aux éléments qui permet aux bêtes, comme à certains humains, de lire dans le ciel la météo des jours prochains.
L'avenir nous dira si les oiseaux ont raison... En tout cas, une chose m'apparaît de manière claire : on peut dire d'eux qu'ils sont" bêtes", qu'ils n'ont pas de raison, que ce sont des machines, leur voler jusqu'à la possibilité d'une âme... Tant que les animaux auront le ciel, on ne leur aura pas volé l'essentiel.