Constellation de la chevrette pour "Light Cycles"

Light Cycles est une exposition organisée par l'ami Édouard Surfin. Elle se tiendra dans un salon de tatouage parisien d'ici une quinzaine de jours.
Le concept de Light cycles est le suivant : les œuvres de six artistes seront exposées dans une salle où aura été préalablement installé un système permettant de passer de la lumière blanche traditionnelle à la lumière noire. La Constellation de la Chevrette (dans le projet ce travail s'appelait Échappée belle) et les autres pièces devront proposer deux visions différentes, selon l'éclairage...

Voici donc la chevrette en lumière blanche :





Et la version en lumière noire (les photos ont été prises par Édouard alors que le réseau de fil n'était pas achevé...) :





Enfin, voici les quelques lignes qui présenteront ce huitième Animal stellaire :

Chantal Jègues-Wolkiewiez a récemment démontré que les peintures zoomorphes de la Salle des Taureaux, à Lascaux, correspondaient à une carte de la voûte céleste. La chercheuse a depuis avancé l’hypothèse suivante : la grotte aurait été le lieu de rituels chamaniques mêlant humains, astres et bêtes. La Constellation de la chevrette explore cette possibilité : symboles d’étoiles transperçant la peau de la taxidermie, les clous sont une atteinte flagrante à l’individualité qu’elle matérialise ; le réseau de fil étend quant à lui les volumes de la sculpture tout en déstructurant ses contours. Cette image de porosité renvoie à la potentialité d’un dépassement, sur le plan mental, des frontières du corps propre. Lorsqu’ils regardaient les animaux de Lascaux, les Solutréens pouvaient percevoir les étoiles. Exposée à la lumière blanche, la Constellation de la chevrette pose cette « projection » comme le mode d’emploi d’une transe chamanique. Mais, exposée à la lumière noire, l’œuvre met en tension ce modèle avec celui de l’extase chrétienne : l’animal, le corps disparaissent ; seul le coton - représentant les mouvements de l’esprit - reste visible. A travers les différentes expositions lumineuses, la Constellation de la chevrette interroge donc les effets du matérialisme et du spiritualisme sur les rapports qu’entretiennent les humains avec l’Animal.

C'est très constructif de travailler avec des contraintes telles qu'un double système d'éclairage : l'histoire de la disparition du corps appelle une réflexion sur le matérialisme, le mécanisme... Du travail en perspective et peut-être, enfin, un début de matière pour le doctorat !

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