Nunuwa a passé le mardi et le mercredi suivants sous perfusion, dans une clinique vétérinaire ; le même mercredi, j'étais à la Fabrique pour le "vernissage professionnel" du 55ème Salon de Montrouge dès 14 heures. A 14h30, un collectionneur m'achetait tous les Dessins automatiques de l'installation, puis, d'autres personnes sont venues prendre rendez-vous pour voir ceux qui n'étaient pas exposés. A 19h30, alors que le web' ramenait notre chienne à la maison sans qu'un diagnostique ait pu être émis par le deuxième vétérinaire, j'apprenais que j'étais lauréat du Prix du Conseil Général des Hauts-de-Seine. On m'a donné une grosse médaille et j'ai récupéré un catalogue avec, dedans, la brochure présentant mon travail et le texte perspicace de Gaël Charbau.
On m'a aussi expliqué qu'il me faudrait bientôt préparer deux expositions : une pour les modules du Palais de Tokyo en novembre 2010, une pour la Jeune Création Européenne au Printemps 2011. A ce moment-là encore, l'accumulation de ces formidables nouvelles compensait l'angoisse générée par l'état de santé dégénératif de ma chienne, et l'incapacité des vétérinaires à identifier l'origine de ses maux.






Seize jours, six consultations et quatre vétérinaires après le premier vomi, Mademoiselle Nunuwa était devenue squelettique et ses yeux sentaient la douleur de jour comme de nuit. Il y a tout de même eu un lundi de répits, journée durant laquelle nous avons pu faire un énorme câlin sur le canapé. Ce fût le dernier, car ensuite il était impossible de toucher la chienne sans que le contact ne génère une crise de spasmes, de vomissements et de douleurs.
Pendant tout ce temps, j'ai vendu beaucoup d'œuvres et même enregistré une commande. J'ai aussi été contacté par Beaux Arts Magazine qui souhaitait avoir des images de mon travail. Mais déjà ces bonnes nouvelles ne suffisaient plus à calmer la peur de perdre les liens qui s'était mis en place entre la demoiselle et moi.
Le dernier week-end a été une véritable horreur, et ce malgré les médicaments et les piqûres. Je l'ai dessinée comme le Lamantin moisi en espérant que ce soit plutôt une Nunuwa rêvant.

Lundi et mardi de cette semaine, la petite bête a subit toute une batterie d'examens qui ont permis de rejeter une à une les hypothèses de maladies qui auraient pu être traitées. Pendant ce temps, je trouvais une maison à Orléans avec un grand jardin pour que Nunuwa puisse gambader, et un atelier pour que j'ai enfin la place de travailler : encore la concrétisation d'un rêve qui trainait depuis quelques mois.
Nous avons récupéré ce qu'il restait de notre chienne avant-hier soir en apprenant qu'à la gastrite s'était ajouté une méningite. Le web' et moi avons aussi compris qu'il ne restait que peu d'espoir quant à sa survie : soit elle avait un virus au cerveau, soit une malformation neurologique congénitale. Nunuwa a passé la nuit dans le lit de ses maîtres, une nuit relativement calme grâce à l'injection d'un produit ENFIN efficace (merci au cinquième vétérinaire).

Hier, nous avons attendu les résultats de "l'analyse de la dernière chance". A 17h30, après une après-midi chaotique, le vétérinaire nous apprenait qu'il n'y avait pas de virus, ni aucun moyen de soigner l'anomalie : son état empirerait jusqu'à la paralysie et la mort. Pour éviter cet immonde programme et abréger ses souffrances, le web' et moi avons demandé à ce que Nunuwa soit euthanasiée. Elle est morte dans nos bras peu avant 18 heures.
Ce même jour, j'ai appris que Beaux Arts Magazine avait choisi la Constellation de la chevrette pour faire la couverture de son prochain numéro. Pourtant, je suis triste et ça durera certainement quelques temps. Je suis aussi soulagé que l'animal qui m'a rappelé la possibilité d'un amour et d'un pardon inconditionnels ne souffre plus. Je suis enfin heureux, tout au fond, de toutes les bonnes choses qui se déroulent sur le plan artistique, mais ça ne se verra sans doute pas avant que le chagrin ne soit passé. En tout cas, cette concordance de sentiments antagonistes très intenses est particulièrement déstabilisante.
Bonne nuit ma belle Nunuwa, repose en paix.
1 De Eric -
Les deux histoires, si elles sont simultanées, ne sont pas liées. Un malheur est toujours accompagné d'un bonheur, une souffrance d'une joie, une naissance d'une mort. La place qu'elle occupait restera toujours inoccupée, même si d'autres animaux passeront dans nos bras, car nous n'allons pas avoir un grand jardin pour regarder pousser les roses sans un chien ou deux pour chier à leur pied. Ce ne sera pas Nunuwa qui fera les premières tranchées dans les platebandes, mais elles sera un peu avec nous quand même.
2 De Jules -
Oui, on mettra ses cendres au pied du budleia ou du chèvrefeuille, comme ça elle se transformera en fleurs ;-)
Qu'est-ce que tu en dis ?
3 De Eric -
Le chèvre-feuille lui va bien, autant pour l'odeur que pour la couleur...
4 De Elisa -
Je suis sincèrement désolée pour toi pour cette perte, elle avait vraiment l'air adorable cette miss :'-(
Et j'imagine ce que tu ressens ayant aussi beaucoup d'amour pour mes compagnons à quatre pattes. Et je conçois bien que le parallèle avec toutes ces excellentes nouvelles doit être dur à gérer...
5 De la dame -
"Le chèvrefeuille symbolise la fidélité, la loyauté et un amour durable. Il se veut rassurant ; il témoigne de la solidité des liens entre deux individus."
Nul ne peut mieux dire :-)
6 De Marie -
Imagine un instant la douleur d'un enfant devant la mort de son animal préféré, même adoucie ... C'est un dilemme de se résoudre à la séparation, il y a des choix difficiles et justes. Je comprends.
7 De Jules -
Élisa : je gère par le travail. Broderie sur photo pour l'instant.
La dame : alors ce sera le chèvrefeuille qui servira de passeur pour Nunuwa !
Marie : ce n'est pas exactement sur ce choix que j'ai des regrets, c'est juste de la peine.
8 De Pingui -
Je suis très sincèrement désolé pour vous deux et pour Nunuwa. Quentin et moi même pensons très fort à vous en ce moment difficile.