Je suis arrivé à 17h dans le parc où flânaient déjà bon nombre des
autres artistes participant à l'exposition. Nous avons alors commencé une
visite qui fût vraiment très agréable : au fur et à mesure que
nous avancions dans les salles, chacun des plasticiens présents
prenait le temps de parler de son travail.
La couturière Anne
Ferrer nous a par exemple expliqué que la Passionaria avait
été réalisée alors qu'elle vivait dans une boucherie américaine transformée en
appartement, de même que les Carcasses - inspirée de Rembrandt -
dont chaque intérieur est à envisager comme un "petit paradis".
Julie Faure-Brac
nous a raconté la dimension chamanique et légendaire de son Porteur de
l'esprit de la baleine échouée, assemblage d'un moulage
en plâtre et d'une sculpture de papier dessiné tant
colossale que fragile.
Muriel Malchus nous a
parlé du passage de ses précieuses sculptures en cheveux de représentations
d'animaux sauvages à celles d'êtres chimériques. Plus tard, pendant le repas,
elle me confiait que le papillon traversait tout son travail, ce qui se ressent
dans le processus de création de Future is beautiful : ces
pièces sont de petits cocons, comme ceux que font les papillons
nocturnes.
NB : pendant le même repas Muriel m'a fait le
plus beau compliment de la journée. "J'ai été étonnée en apprenant
qui tu étais... Je pensait que ton travail était celui d'une femme".
Coline Rosoux a précisé au visiteur qui le lui demandait le
fait qu'elle est tant artisane qu'artiste : la jeune fille a réalisé toutes les
céramiques du truculent Banquet dans un atelier bruxellois.
Maria Loura Estevao nous a cordialement invités à venir
manger son agneau en pâte d'amande durant une performance qu'elle a réalisé
durant la soirée, ce qui fût fait.
Le Mouton de Maria est une pure merveille... C'est LE coup de coeur
de l'exposition et je pense qu'analyser cette pièce m'aidera à avancer dans ma
thèse. je reviendrai donc dessus à cette occasion.
j'ai enfin résumé en quelques mots l'évolution des
Entomillogismes des monstres de la Boîte à
hybrides aux récentes chimères ornées. Rassemblés dans une grande armoire, ces
travaux côtoyaient les papillons en épluchures de crayons de
Sébastien Gouju et ceux en contredenses d'Olivier Grossetête.
Je n'ai rencontré ni Pascal Bernier ni Joana Vasconcelos mais leurs oeuvres étaient présentes, de même que
celles de Katia Bourdarel, Toni Grand ou Reeve Schumacher qui a eu la gentillesse de me raccompagner
en voiture sur Arles. Durant le travjet nous avons parlé production, et le mot
"métamorphose" est apparu comme dans les propos de Muriel, Julie, Maria, etc.
Elisabeth de Fontenay avait donc bien raison quand elle écrivait dans Le
silence des bête que la métamorphose est le cri de ralliement des
zoophiles !
Quelques mots enfin sur la magistrale Nature study de Louise
Bourgeois. Cette pièce est l'illustration parfaite d'un point de l'exposition
sur lequel tous les artistes présents se sont accordés : un environnement tel
que le Château d'Avignon décuple les effets des pièces que ses salles
exposent.
J'avais déjà vu cette oeuvre dans sa version blanche à Beaubourg. Et il me
semble que dans les conditions de Si loin si proche, la porcelaine
acquière une présence que les murs blancs n'autorisent pas.
Tout le monde était donc satisfait, et je conclurai sur une envie :
celle de pouvoir à l'avenir travailler au maximum sur ce type d'évènements
!
Bonne visite pour ceux qui descendront prochainement en Camargue, et ouvrez
l'oeil, car le parc est peuplé d'oiseaux magnifiques ! Les autres
trouveront la liste détaillée des artistes dans le dossier de presse en annexes
et pourront satisfaire partiellement leur curiosité par là.
Je vous tiendrai enfin au courant de la sortie du catalogue; elle est prévue
pour dans quelques semaines.
1 De Marie -
Il est évident que tout ceci ne pourrait entrer dans un logement aux dimensions modestes (à l'exception de tes œuvres et les taillures de crayon ...)
Même en pâte d'amande, l'agneau a dû certainement vous laisser sur votre faim ... :-)
2 De Jules -
Rassure-toi Marie : les organisateurs avaient aussi prévu un buffet et une paëla géante, héhé !
3 De la d@me -
Cette exposition est magique, le lieu, le parc et ses platanes, les oeuvres situées dans les pièces qui leur correspondent : c'est au coeur de la Camargue, entre Arles et les Saintes, jusqu'en octobre ... magique vous dis-je, j'en viens, et n'en reviens pas ...
4 De Jules -
Donc tu as apprécié. T'as vu le rollier ?