Le printemps est la saison de tous les réveils, de toutes les renaissances. Les hibernants émergent de leurs léthargies, les jonquilles sortent de terre, les feuilles poussent aux chênes et aux bouleaux au fur et à mesure que leur sève réinvestit leur tronc. L’équinoxe marque le début du réchauffement saisonnier, la promesse de tous les fruits, toutes les éclosions, toutes les mises-bas.
Printemps 1, extrait d’un carnet de croquis, 2012
Mon premier Printemps (2012) était un dessin de renouveau, l’image d’un jeune arbre poussant sur les ruines d’un corps en hiver. Il a généré un ensemble de sculptures aujourd’hui installées dans la Chapelle de l’hospice d’Havré : Printemps (ma nymphe) et Printemps (nymphe de cerf) (2013) sont des hybrides d’animaux et de végétaux, des histoires de croissances monstrueuses semblables à celles qu’on peut croiser dans les vieilles légendes. Pourtant leurs branches n’ont plus de feuilles, elles sont tombées il y a quelques temps. Quant à leurs perles et à leurs fourrures, je crois qu’elles renvoient plus certainement à l’endormissement qui caractérise l’Automne, quand la forêt se pare de teintes fauves et brunes, quand les chevreuils muent pour s’envelopper dans leur dense poil d’hiver. Et puis enfin, Printemps (Cerfaure) ne s’apprête-t-il pas à faire sonner sa trompe de chasse ?
Vue de l’exposition : Constellation de la biche, 2012
Vues de l’exposition, photographies Aurélien Mélan, 2015
Aussi ai-je choisi de nommer cette exposition Légendes d’Automne plutôt que Légendes de Printemps. Sans doute parce que l’ensemble d’œuvres me rappelle que le corps a lui aussi ses saisons, et qu’il est illusoire de s’imaginer vivre un éternel Printemps – ou pire, un Eté permanent.
L’engourdissement de l’Automne augure le repos hivernal dont une terre tempérée comme la nôtre a besoin pour continuer à nourrir ses vivants. Chaque arbre, chaque bête sauvage s’en accommode.
Mais qu’en est-il de nous ?
Merci à lille3000 pour l’invitation, Mille bisous aux équipes, et particulièrement Caroline Carton, Julie Grobost et Marie Frémiot #coeuraveclesdoigts