« Pan », Quartier Général centre d’art, la Chaux-de-Fond, Suisse, Été / Automne 2016

Les questions liées à l’animal, à l’animalité ainsi qu’à l’hybridité homme/animal apparaissent de manière récurrente dans notre société, que cela soit au travers de la thématisation ou de la problématisation actuelles de notre rapport à l’animal, de celles de nos instincts les plus primaires ou encore de certains usages de nouvelles technologies permettant des croisements d’espèces de plus en plus raffinées.

Omniprésents dans l’art actuel, les animaux ont souvent été mis à contribution pour porter un regard détourné, mais critique sur nos propres vices. Ces démarches artistiques interrogent différentes facettes, qu’elles soient métaphysiques, politiques ou philosophiques puisque l’animal pose la question de la figure de l’altérité et de l’identité, mais aussi de la manipulation génétique et de la sauvagerie. En ce sens, ces œuvres peuvent questionner l’homme et sa responsabilité dans le destin de la nature et dans son propre avenir, mais aussi la relation entre l’homme civilisé et la nature animale, la mort, ou revenir à une vérité originelle qui précède le langage. Il semble ainsi que la référence à la figure de l’animal et à l’animalité s’inscrit bel et bien dans un langage dont une des fonctions est de permettre la représentation des rapports que l’homme entretient avec la société de son temps.

Guerrier traversière (Faisanglier 5), détail de l’oeuvre, s’allier naturalisé, taxidermie et plumes de Faisan de Colchide, 2015

Dans une société où les croyances sont ébranlées et où l’humain est en quête perpétuelle d’identité, j’ai choisi de prospecter autour du dieu mythologique grec Pan, car, d’une part, il représente à mon sens cette image de la dualité entre l’homme et l’animal, mais aussi entre l’imaginaire et le réel, le désir et l’absence de désir, la présence et l’absence, l’harmonie et la panique, et qu’il nous raccroche à des valeurs et mythes païens parfois oubliés. Pan est une divinité pastorale thériomorphe. Son mythe est originaire d’Arcadie et débute dès le Ve siècle avant Jésus-Christ. Chèvre-pied, il symbolise les peurs des sociétés pastorales, à savoir la solitude du berger aux prises avec la vitalité du monde animal, l’immensité de la nature et sa propre sexualité. Pan, comme le mentionne Philippe Borgeaud dans son ouvrage dédié au dieu est en effet un « monstre au doux sourire, à la fois animal et chevrier, à la sexualité prolixe et malheureuse, être musical, mais capable de bouleverser de fond en comble aussi bien l’équilibre psychophysiologique d’un individu, par la possession, que la cohésion d’un groupe humain, par la panique ».

Pour constituer une exposition riche et variée – autant dans les thèmes abordés autour de la mythologie panique que des médias utilisés, je me suis évertuée à rechercher des artistes contemporains dont le travail représente à mes yeux la complexité de la relation entre la nature et l’homme, mais aussi le rapport ambigu que ce dernier entretient avec l’animalité et la sacralité. L’animal, une manière de retrouver du sens dans notre humanité en souffrance et notre devenir incertain ?

Artistes invités: Florence Aellen / Léo Dorfner / Chloé Julien / Lucie Kohler / Monique Kuffer / Myriam Mechita / Michael Rampa / Denis Roueche / Lionel Sabatté / Julien Salaud

Pour en savoir plus :

Site du QG : https://www.q-g.ch/exposition/pan

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