Qu’est-ce que l’héritage ? Que nous transmettons-nous en héritage ? Quel est le poids de l’héritage dans l’équilibre de nos choix de vie ? Comment peut-il influencer nos intimités, nos relations, nos économies, nos écologies, nos guerres et nos paix, nos amours et nos haines ? Avons-nous le devoir de l’accepter ? Pouvons-nous contester tout ou partie ? Comment nous comportons-nous face à l’héritage d’autrui ?
Ces questions renvoient au besoin qu’a l’Homme de laisser son empreinte et de transmettre un patrimoine. comme s‘il ne pouvait justifier de son existence qu’en la gravant de son sceau. Il la grave donc, sur sa famille, sur la nature, sur notre société, cherchant à marquer l’Histoire commune de son histoire individuelle. L’exposition Héritage en deux actes (ouverture du testament / contestation du testament) invite à une réflexion sur les rôles de donateurs et de bénéficiaires, les notions de transmission, de patrimoine et de propriété, d’empathie et de perversion. Les artistes exposés ont oeuvré sur le sujet avec violence ou fronde, humour ou tendresse, et toujours avec sincérité.
Avec Adélaïde Blanc, Cécile Van der Haegen, Julien Salaud.
Vue de l’Acte 1 (Ouverture du testament) : de gauche à droite : Adélaïde Blanc, La source, huile sur toile, 100 x 100 cm, 2022 / Cécile Van der Haegen, Sélection de pièces, grès émaillés, dimensions variables, 2023 / Julien Salaud, Selfie Poulet rôti, 2021 et Vaisselier Cannibale, première version, 110 x 80 cm, 2023
Acte 1 : Ouverture du testament, Été 2023
Xndrocide (somos brujXs, somos embrXs), crayon sur papier, 200 x 280 cm, 2021. Comme le dit le performeur Mexicain Fausto Gracia : “Es un proceso de deconstrucción de la masculinidad” / “C’est un processus de déconstruction de la masculinité. Dans ce dessin, la poule de batterie est le symbole de deux cauchemars devenus réalités : la possibilité d’un peuple sans culture / l’exploitation industrielle de la matrice. L’ablation sauvage de la tête tranche dans l’identité, celle du sexe dans l’intimité, et enfin, celle des testicules anéantit toute velléité de patriarcat. Le rouge est la couleur de la terre. L’œuvre est un manifeste femelliste intitulé avec l’écriture inclusive utilisée au Mexique : les X remplacent ici des A. Androcide (somos brujAs, somos hembrAs) = “Nous sommes sorcières, nous sommes femelles”.
De gauche à droite : Selfie poulet rôti, crayon sur papier, 110 x 80 cm, 2021. “Un soir d’avril 2020, alors que j’étais enfermé depuis plusieurs semaines dans la maison d’un ami, j’ai eu peur de ma propre ombre, peur à en crier. J’ai eu l’impression d’être devenu aussi bête qu’une poule de batterie. » La poule sauvage n’est pas un animal idiot, sinon elle ne survivrait pas dans les forêts sauvages de l’Asie du Sud-Est. La poule de batterie est bête parce qu’elle ne connait rien du monde, même pas la nuit. De mon point de vue, la bêtise de la poule de batterie est donc un héritage de l’élevage industriel, et elle peut toucher tous les êtres vivants contemporains qui perdraient leurs liens avec le monde du dehors.” / Cécile Van der Haegen & Julien Salaud, Cycle des larmes, Céramiques, encre, plâtre, fil de coton, perles, colle, dimensions variables, 2023
Acte 2 : Contestation du testament, Automne 2023
De gauche à droite et de haut en bas : Peau de vache Mundi (continents noirs, océans crèmes), peaux de vaches, feutrine, colle, 185 x 225 cm, 2023. En 2018, les humains et leur bétail représentaient 96% de la biomasse des mammifères. Les 4% restants, sauvages, subissent nos hostilités. Nous nous comportons comme des peaux de vaches envers les animaux. / Martinets, peaux de vaches, colle, dimensions variables, 2023 / Ursa, crayon sec et gouache sur papier, 120 x 80 cm, 2022. / Ursa, crayon et gouache sur papier, 120 x 80 cm, 2022 / Le 22 septembre 2023, le dessin a été offert à Bruno Dubanchet. Bruno s’engagera à transmettre ce dessin en héritage à sa fille, Caroline. Ainsi le dessin deviendra objet de transmission. / Monsieur Yéti, plâtre, mousse expansée, perles de rocaille, coton, colle, peau de chevreuil, 38 x 28 x 28 cm, 2023
Vaisselier cannibale, grès, émail, perles de rocaille, fil de cuivre, dimensions variables, composé de 5 pièces, 2023. Nous, les humains, sommes capables de transformer la nature en humanité sans discontinuité. Sans doute avons-nous l’intelligence technique pour continuer tout en palliant les effets dévastateurs de nos écologies ravageuses. Mais qu’arrivera-t-il le jour où nous aurons transformé tous les règnes du Sauvage en humanité ? Quand il n’y aura plus d’autre animal que des humains, plus de végétal ? Qui mangera qui ? Est-ce bien le cannibalisme que vous souhaitez léguer aux générations futures ? Le service à vin traite de cette perspective d’avenir, avec une pointe d’humour (noir) sur le statut des artistes dans la société française contemporaine : la tête de l’artiste sert de cruche.
Antarctique 2023-2100, miroir gravé, 65 x 65 cm, 2023. Le miroirs présente les contours d’un continent en 2023, ainsi que les terres qui émergeront lorsque la totalité des glaces de la planète aura fondu. Ce moment est évalué à 2100. / Peau de vache Mundi (continents crèmes, océans noirs), peaux de vaches, feutrine, colle, 210 x 235 cm, 2023
Merci à mes collègues artistes Adélaïde Blanc et Cécile Van der Haegen, ainsi qu’aux étudiants Margaux Muet, Morgane Rousseau, Léo Duvernay et Emile Levrey pour cette belle expérience !
Pour en savoir plus :
Maison5 / Héritage, actes 1 et 2
https://balbuza.squarespace.com/expos-1
IF Saint-Etienne / Maison 5 : nouvelle bouffée d’art à Saint-Etienne
https://www.if-saint-etienne.fr/breves/maison-5-nouvelle-bouffee-dart-a-saint-etienne