L’œuvre décalée et précieuse, de l’artiste Julien Salaud, constitue un univers baroque entièrement dédié à la nature. Ses créatures hybrides créent un pont entre l’animal et l’homme : sculptures, vidéo et dessins renvoient au monde foisonnant du vivant tout autant qu’à une nature morte, figée dans le temps.
Pour la Saison du Dessin, l’artiste produit une installation in situ dans la veine de celle présentée au tri postal pour Lille 3000. Une constellation de fils de coton éclairés à la lumière noire dessine un bestiaire sur les murs donnant forme à un dessin grandiose et magique.
Un deuxième espace présentera une série de dessins noir et blanc.
Cet artiste formé à la biologie et l’ethnologie produira aussi pour l’exposition des sculptures qui
promettent de nous transporter dans un monde chimérique.
S’il ne fallait retenir qu’une oeuvre de Julien Salaud, ce serait l’installation proposée dans la dernière salle du Centre d’art contemporain d’Istres. Mais pour comprendre le travail de l’artiste mieux vaut commencer par le rez-de-chaussée. Depuis le mois de septembre, le CAC accueille les oeuvres de Julien Salaud dans le cadre de La Saison du dessin initiée par Paréidolie et ses oeuvres décalées et précieuses interpellent le public. L’exposition visible jusqu’au 8 décembre est aussi l’occasion d’ouvrir la thématique de la saison « In lumine ». Cette lumière qui rend visible, révèle, illumine, tient aussi une place importante dans « Illuminations animales » de Julien Salaud. La thématique, au-delà du propos artistique, tisse des liens entre installation, décor scénique, performance, magie, mixage sonore et permet ainsi de repousser les frontières des territoires artistiques.
Sculptures, vidéos et dessins créent ainsi un pont entre les oeuvres de Julien Salaud. Sa création se révèle être une vision globale de la vie qui impulse une dimension sacrée à chaque forme en cours de métamorphose. On retrouve dans ses oeuvres des créatures hybrides qui renvoient au monde foisonnant du vivant tout autant qu’à une nature morte. « Le caractère graphique est très présent sur toutes les salles, admire Catherine Soria. On accueille là un jeune artiste mais qui est déjà très présent sur la scène artistique. Il ouvre le bal de la thématique annuelle avec son dispositif de lumière qui permet de créer le dessin. C’est un véritable travail de performance interdisciplinaire« , salue-t-elle.
Dans un premier espace, le public découvre une série de dessins noir et blanc en impression numérique. « Ce sont des dessins réalisés en 2007, qui étaient initialement plus petits, et qui ont marqué le passage d’une peinture assez moche (sic) à la sculpture« , assume l’artiste. Orchidées, moustiques, jaguar ornent donc les murs mais dans cette pièce, on retrouve surtout dans ces premières oeuvres, les bases du travail de Julien Salaud avec les animaux, le trait et le fil tendu.
Formé à la biologie et l’ethnologie, l’artiste nous transporte dans un monde chimérique avec ses sculptures en moulage de cire, ornées de fils de perles dorées. Avec ces pièces, Julien Salaud a voulu « restaurer les rapports sentimentaux avec la nature. Il souhaite réveiller les émotions à l’égard de la nature chez ceux qui regardent les oeuvres. Et dans cette deuxième pièce, le pari est réussi. Sa sculpture de gisant, produite pour l’exposition, est travaillée à la cire noire et redessinée au fil d’or. Mots, représentation d’organes, de plantes d’insectes tout y est et permet d’interroger le public et ouvre le champ des sentiments.
De gauche à droite et de haut en bas : À cœur fleuri rien d’impossible, bois, cire, pigment, perles dorées à la feuille, coton, 140 x 90 cm / vue de l’installation du deuxième étage / Ecologia naturotica (hermaphrodisme), bois, cire, pigment, perles dorées à la feuille, coton, 140 x 90 cm / Trois détails de l’installation Ecologia Naturotica (illuminations animales), vis, coton, lumière noire, 7 x 6 x 3 m / Ecologia naturotica (Prince de cire en fleurs), métal, cire, clous, perles dorées à la feuille, coton, 190 x 45 x 30 cm / 2017. Cocon stellaire, vue de performance, 2016
Dans un troisième temps, place à la performance avec des vidéos à la lumière noire. Cocon stellaire et Danse avec mes tripes sont une chorégraphie de la mue, de la renaissance, sans règne déterminé ; mais aussi un prélude à la dernière oeuvre de Julien Salaud, l’installation proposée dans le cadre de Illuminations animales. Un travail dans la veine de l’installation in situ présentée au tri postal pour Lille 3 000 et déjà très apprécié à l’époque par la directrice du CAC. Avec ses installations de fils, Julien Salaud propose une vision tridimensionnelle. Dans une grande constellation animale, le fil déploie une écriture visuelle et des oeuvres spectrales. Dans sa grotte stellaire « Ecologia Naturotica », Julien Salaud a mis en place des fils de coton blanc autour de vis, qui lorsqu’ils sont éclairés à la lumière noire se révèlent bleutés. Et le dessin finit de happer le spectateur dans son univers.
Pour en savoir plus :
PAC.fr / Exposition de Julien Salaud, illuminations animales
https://archives.p-a-c.fr/blog/2017/06/20/exposition-de-julien-salaud-illuminations-animales/
La Provence / Le monde chimérique de Julien Salaud au Centre d’art
https://www.laprovence.com/article/edition-martigues-istres/4674683/le-monde-chimerique-de-julien-salaud-au-centre-dart.html